Il s’agit de la plus sérieuse escalade militaire entre les deux pays depuis près de quinze ans.
Thaïlande : roquettes, blessés et accusations
Selon l’armée thaïlandaise, deux roquettes BM-21 tirées depuis le Cambodge ont touché un village dans la province de Surin, blessant trois civils. L’attaque s’est produite dans la zone du temple Prasat Ta Muen Thom, site historique de l’époque angkorienne.

ROYAL THAI ARMY/AFP
Des affrontements armés ont éclaté autour de ce temple entre les forces des deux pays. Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir envoyé un drone dans la zone contestée avant que six soldats cambodgiens armés ne s’approchent d’une barrière frontalière. Les soldats thaïlandais auraient crié pour éviter l’affrontement.
L’armée thaïlandaise a également annoncé que six de ses avions F-16 ont mené une frappe ciblée contre une position militaire cambodgienne en réponse aux tirs de roquettes.
Cambodge : défense et rejet des accusations
La porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, a déclaré que les forces thaïlandaises avaient violé l’intégrité territoriale du Cambodge. Phnom Penh affirme avoir agi en légitime défense, conformément au droit international.
En réaction, l’ambassade de Thaïlande au Cambodge a appelé ses ressortissants à quitter le pays sans délai.
Chronologie des évènements
Les tensions accumulées à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge ont franchi un cap critique le 24 juillet 2025, donnant lieu à une série d’événements violents en quelques heures à peine.
Voici le déroulé heure par heure d’une journée sous haute tension.

Mercredi 23 juillet – La veille de l’embrasement
En réponse à une série d’incidents, dont un soldat thaïlandais blessé par une mine, Bangkok décide de rappeler son ambassadeur à Phnom Penh. Un geste diplomatique fort, qui précède l’escalade militaire du lendemain.
Jeudi 24 juillet 2025 – D’une tension à l’autre
07h35 – Prasat Ta Muen Thom
Une délégation de l’armée thaïlandaise tente une ultime médiation à la frontière pour annoncer la fermeture du site touristique du temple. Les négociations échouent, le ton monte.
08h00 – Mesures préventives
Des barbelés sont déployés côté thaïlandais autour du temple. De l’autre côté, les forces cambodgiennes installent des positions armées. Des drones de surveillance sont repérés en vol stationnaire.
08h20 – Premier coup de feu
Les tirs démarrent. Des militaires cambodgiens ouvrent le feu à 200 mètres de la base thaïlandaise Wild Boar. Les soldats thaïlandais répondent par légitime défense.
09h20 – L’affrontement s’intensifie
Échanges nourris de tirs légers et d’artillerie. Un militaire thaïlandais est blessé. La tension est à son comble sur toute la ligne de front.
09h40 – Civils visés
Deux roquettes BM-21 s’écrasent dans un quartier civil du district de Kap Choeng (province de Surin). Trois civils sont blessés. L’armée thaïlandaise qualifie l’acte d’“inhumain”.
10h03 – Offensive sur Prasat Ta Kwai
Les troupes cambodgiennes avancent vers le temple voisin et ouvrent le feu à l’artillerie lourde.
10h30 – Écoles fermées
Par précaution, le ministère de l’Éducation thaïlandais ordonne la fermeture immédiate de toutes les écoles situées dans les zones à risque.
10h42 – Bombardements filmés
Une vidéo circule sur les réseaux : on y voit des roquettes BM-21 tirées par des soldats cambodgiens sur des maisons civiles à Kap Choeng. L’émotion grandit dans l’opinion publique.
10h58 – Contre-attaque aérienne
Six chasseurs F-16 décollent. L’armée thaïlandaise affirme avoir détruit plusieurs positions cambodgiennes, notamment les 8e et 9e régiments d’infanterie.
11h04 – Nouveaux tirs sur un hôpital
L’hôpital de Phnom Dongrak est visé par plusieurs projectiles. De nombreux blessés sont signalés parmi les soignants et les patients.
11h26 – Une station-service ciblée
Une roquette s’abat sur une station PTT et son supermarché 7-Eleven à Ban Phue (Sisaket), provoquant des blessures chez plusieurs civils et élèves
11h30 – Évacuation recommandée
Face à la multiplication des attaques, l’armée demande l’évacuation immédiate des civils dans les zones les plus exposées.
11h37 – Objectif stratégique détruit
Un téléphérique militaire cambodgien à Phu Makhuea est neutralisé par les forces thaïlandaises.
11h54 – Nouvelle attaque sur l’hôpital
Phnom Dongrak est à nouveau visé par des BM-21. Les civils touchés sont de plus en plus nombreux.
12h03 – 12h09 – Déluge de feu
Les roquettes continuent de pleuvoir sur les zones habitées du district de Kap Choeng. Les rapports évoquent de lourds dégâts et plusieurs blessés graves.
12h14 – Les F-16 sont de retour
L’armée de l’air confirme le retour sans incident de ses six avions de chasse. La mission aurait permis de neutraliser plusieurs batteries d’artillerie cambodgiennes.
Cette chronologie glaçante montre à quel point la situation peut dégénérer rapidement dans une région déjà marquée par des différends historiques.
Le bilan reste provisoire, mais le message est clair : la frontière est redevenue une ligne de feu.
Crise diplomatique et tensions anciennes
La ligne frontalière, héritée de l’époque coloniale française, est régulièrement sujette à controverse. Cette crise actuelle est la plus grave depuis les combats autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011.
Fin mai, un soldat cambodgien a été tué lors d’un affrontement nocturne dans la région du “Triangle d’émeraude”. Début juillet, un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.
Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir posé de nouvelles mines, ce que le Cambodge nie, affirmant que les zones concernées restent minées depuis les guerres passées.
Rupture diplomatique et conséquences politiques
Les deux pays ont rabaissé le niveau de leurs relations diplomatiques. La Thaïlande a expulsé l’ambassadeur cambodgien et rappelé le sien. Le Cambodge a rétrogradé ses relations diplomatiques au minimum.
La crise a aussi provoqué une onde de choc politique en Thaïlande, où la première ministre Paetongtarn Shinawatra a été suspendue à la suite d’un scandale lié à une fuite diplomatique avec Hun Sen.
Elle est actuellement dans l’attente d’une décision de la Cour constitutionnelle.
Service militaire et mobilisations
Hun Manet, fils de l’ancien Premier ministre Hun Sen et actuel chef du gouvernement cambodgien, a annoncé la mise en place d’un service militaire obligatoire de 24 mois dès 2026 pour les jeunes de 18 à 30 ans.
Situation sous tension
- Trois civils blessés par des roquettes
- Échanges de tirs à proximité des temples historiques
- 6 avions F16 de l’armée Thailandaise ont bombardé l’armée cambodgienne
- Dégradation majeure des relations diplomatiques
- Accusations croisées de poses de mines
- Conséquences économiques et politiques en cascade
Article mis à jour le 24 juillet 2025 à 9h20 (heure de Paris).