Le tourisme sexuel en Thaïlande est une réalité aussi connue que dérangeante. Ce phénomène, bien qu’absent des brochures officielles, alimente depuis des décennies une part importante du tourisme international, notamment à Bangkok, Pattaya ou Phuket.
Entre fantasme occidental, précarité locale, et héritage historique, ce tourisme particulier soulève de nombreuses questions sur l’éthique, la perception culturelle et les véritables dessous d’une industrie souvent minimisée.
📜 Un phénomène qui ne date pas d’hier
Le tourisme sexuel en Thaïlande prend racine dans les années 60 et 70, à l’époque de la guerre du Vietnam. L’armée américaine utilise alors certaines bases thaïlandaises comme zones de repos pour ses soldats. Bars, clubs et services à la carte se multiplient autour de ces zones.
À partir des années 90, le phénomène prend une autre dimension avec l’essor du tourisme de masse.
Des hommes venus d’Europe, des États-Unis, du Japon ou encore d’Australie commencent à fréquenter certaines villes pour profiter d’une vie nocturne “libérée”, souvent bien différente de celle de leur pays d’origine.
💼 Une économie parallèle… mais bien réelle
Derrière les lumières de Soi Cowboy ou de Walking Street se cache une industrie à part entière, qui génère des millions de bahts chaque mois. Même si l’État thaïlandais ne l’affiche pas publiquement, cette économie informelle fait vivre de nombreuses familles.
Les profils des personnes impliquées sont très variés :
- Jeunes femmes ou hommes issus de zones rurales, souvent sans diplôme
- Travailleurs/euses du sexe indépendants, parfois en couple avec un touriste étranger
- Employé(e)s d’établissements : bars à hôtesses, karaokés, salons de massage…
Même si tous les contacts ne relèvent pas d’une relation tarifée, la frontière entre séduction et transaction est parfois floue.
✈️ Qui sont les touristes du sexe ?
Contrairement aux clichés, il ne s’agit pas toujours de vieux hommes seuls. On y croise :
- Des retraités occidentaux, souvent seuls, cherchant compagnie
- Des jeunes voyageurs curieux ou en quête d’expériences “hors normes”
- Des touristes en groupe, influencés par le bouche-à-oreille ou des forums
- Parfois même des couples, dans des établissements orientés “expériences exotiques”
Internet a aussi contribué à la démocratisation de cette pratique, avec des blogs, des forums, des vidéos YouTube parfois douteuses, ou des “guides officieux” de la Thaïlande.
À noter
Certaines plateformes présentent ces pratiques comme “culturelles” ou “tolérées”, sans en exposer les conséquences humaines.
🌐 Comment la Thaïlande est-elle perçue à l’étranger ?
Le pays souffre aujourd’hui d’une image ambiguë : à la fois terre d’accueil, de spiritualité et de plages de rêve, mais aussi réputée pour sa vie nocturne et son “laissez-faire” sexuel.
Pour beaucoup de Thaïlandais, cette réputation est mal vécue. Elle réduit leur pays à un stéréotype occidental centré sur le plaisir et l’exotisme. Certaines campagnes de communication gouvernementales tentent de “nettoyer” cette image, mais les réalités économiques pèsent lourd.
⚖️ Ce que ça implique en tant que voyageur
Il est essentiel de voyager en conscience. Le tourisme sexuel soulève des enjeux d’éthique et de responsabilité :
- L’exploitation de la précarité n’est jamais anodine
- Les risques liés à la santé, au consentement ou à la manipulation existent
- Les dérives vers la traite ou la prostitution forcée sont bien réelles
Soutenir des formes de tourisme plus éthiques et respectueuses (logement local, volontariat, artisanat) est une manière d’agir à son échelle.
👁️ En résumé
Thème | Ce qu’il faut retenir |
---|---|
Origine | Héritage historique depuis les années 60 |
Économie | Informelle, mais omniprésente |
Clients | Très variés, de tous âges et pays |
Image du pays | Ambiguë, parfois stigmatisante |
Éthique | Enjeux humains et sociaux majeurs |